J'aime foncer dans les gens. What about you ? [Summer & Théo]

Théo marchait dans la rue. En quête de quelque chose. Quelque chose de bien précis. Enfin, bien précis dans sa façon d'être, pas bien précis dans la sorte de chose. Complexe, n'est-il pas ? Et est-ce que c'est plus compréhensible si on dit qu'il cherchait un cadeau, mais ne savait pas encore quoi comme cadeau ? Oui, tout de suite, c'est mieux. En tout cas, il était destiné à une personne qui lui était chère : sa mère. Eh oui, on s'approchait dangereusement de la date fatidique. Autrement dit, de son anniversaire. Et comme la plupart des gens de ce triste monde, Théo n'avait aucune idée de ce qu'il allait pouvoir lui offrir cette année. O joie, ô désespoir... Chaque année, c'était la même chose, pour sûr. Tellement de choses s'offraient à ses yeux, mais aucune ne lui semblait adéquate.
Le jeune homme avait, ce matin, pensé à un moyen pour trouver le cadeau tant convoité : pourquoi pas ne pas flâner dans les rues en observant les boutiques et tenter de trouver, comme ça, d'un coup, sur une illumination, ce qui pourrait faire plaisir à Mme Desmallier ? On verrait bien par la suite si cette technique porterait ses fruits.

Quoi qu'il en soit, après plus d'une demi-heure de marche attentive, sa "théorie" n'était pas prête de se confirmer... Bon, en même temps, il était à Manhattan, et c'est pas des prix discount qu'on trouve, ici. Donc en résumé, soit rien ne l'intéressait, soit c'était trop cher. Dure, la vie... Ayant emménagé quelques jours auparavant, non seulement il avait un budget passablement restreint, mais en plus il ne connaissait pas grand monde, ici, qui puisse l'aider à trouver une bonne idée de cadeau.
La seule chose à faire était donc de persévérer.
Tout d'un coup, il s'arrêta net devant une boutique de fringues. Tiens, ce chemisier lui plairait sûrement, non ? Un très joli chemisier, en soie blanche. Quoique, le porterait-elle ? Non, probablement jamais. Un chapeau ? Un pantalon ? Mon dieu... Mais qu'allait-il prendre ? Sûrement rien. En tout cas, pas ici. Il détourna la tête et continua son chemin, sans pour autant se détourner de son objectif.

Quelques minutes plus tard, alors que Théo marchait encore, il entendit son téléphone émettre un son. Distraitement, il le sortit de sa poche. L'expéditeur ? Son père. Il lui rappelait que dans quelques jours, il y aurait l'anniversaire de sa mère, il ne fallait surtout pas qu'il oublie le cadeau et qu'une fête était orga... Le jeune homme n'eut pas le temps de finir de lire son message. Il était entré en collision avec une charmante demoiselle. Son téléphone, quand à lui, lui avait échappé des mains, et gisait sur le sol en deux morceaux : le mobile d'un côté, et la batterie de l'autre. Il se précipita le ramasser et retourna auprès de la jeune fille afin de s'excuser de sa maladresse :

- Oh pardon. Je suis désolé, franchement. J'ai pas pour habitude de foncer dans les gens, mais ça m'amuse parfois.

Théo avait tenté un peu d'humour. Mais à en voir la tête de son interlocutrice, il aurait mieux fait de la fermer et de passer son chemin.

A peine levée ce jour là, je m'étais préparée en quatrième vitesse, rendue de bonne humeur par la perspective de passer toute une journée loin des amphis et des profs. C'était donc habillée d'un petit short et d'un pull léger que j'avais quitté la maison familiale ce jour là, direction les magasins, où je comptais passer la journée seule, avec pour seule compagnie ma carte bleue.

Peu pressée, je trainais, ou plutôt flânais dans les rues, dévorant des yeux les vitrines des magasins, comme une gosse alléchée par l'étalage de jouets ou de bonbons qu'elle savait pourtant pertinemment qu'elle n'aura jamais. Hé bien aujourd'hui, j'étais dans le même état, quasi surexcitée. Et pourtant, je n'avais besoin de rien, si ce n'est peut être un pull coloré,qui manquait cruellement à mon armoire. Et puisque j'étais dans une phase colorée, un pull corail me faisait grandement envie.

Je m'étais arrêtée quelques secondes au Starbuck's, histoire d'acheter un double latté, pour me donner un peu d'énergie, ou juste par gourmandise, avant de continuer le léchage de vitrine en bonne et dûe forme que j'avais commencé un peu plus tôt. Je buvais donc tranquillement mon café, en prenant tout mon temps, profitant pleinement de ce temps qui n'appartenait qu'à moi, me surprenant à observer les gens se presser dans la rue. Je détaillais leur tenue vestimentaire, leur allure, leurs cheveux, les bijoux qu'ils arboraient. Ca avait toujours été quelque chose qui m'avait surpris, lors de mon arrivée à New York était cette diversité, ce mélange de genres, de couleurs, de styles, qui faisaient de cette ville et de ses habitants un lieu unique.

Je finissais finalement mon café, et après l'avoir jeté dans une poubelle, me remis en route. Je repérais une petite jupe dans la vitrine d'une boutique, et décidais d'entrer dans celle ci, pour quelques essayages. Enfin, tel était l'idée prévue à la base. Mais je fus arrêtée en plein élan par une silhouette qui me rentra dedans, sans trop de délicatesse. Son téléphone vola, et je ne pus détacher un regard un brin noir de son dos, pendant qu'il ramassait les morceaux de l'objet.

Il revint à mes côtés après avoir rassemblé les pièces, et s'excusa, bien que les mots employés paraissaient étranges. Ça l'amusait de rentrer dans les gens. J'haussais un sourcil un peu hautain, avant de le détailler des pieds à la tête, préparant déjà la réplique cinglante qui me brûlait les lèvres.

"-Vous devriez faire plus attention à l'avenir...vous pourriez tomber sur quelqu'un de pas très...commode!" lâchais je, avec un sourire un peu froid, même si mes yeux avaient retrouvés un peu de douceur.

Je le détaillais une nouvelle fois, il avait quelque chose de remarquable, un petit truc qui le rendait différent des autres. Si bien qu'au lieu de partir sans un mot de plus, je restais face à lui, les sourcils légèrement froncés, en attente de ce qui allait se passer désormais.