J'étais à moitié endormie sur ma table de cours tentant bon gré mal gré de prendre des notes malgré un professeur peu coopératif. Cours du jour : le tissu conjonctif. Autant dire que j'étais à deux doigts de rendre l'âme dans l’amphithéâtre. C'est dingue ce que les cours pouvaient être ennuyeux. Mais pourquoi j'avais pris médecine déjà ? Ah oui, parce que ma mère disait que musicienne c'était pas un métier. Et zut, un jour je lui prouverais que je peux être une star de la chanson. En attendant j'allais devoir me farcir ces cours stupides avec l'espoir de pouvoir abandonné tout ça un jour. Ma voisine de travail elle était occupée à dessiné dans la marge de ma feuille de notes. De toute évidence j'étais loin d'être la seule à ne pas être attentive. Je trempais mes lèvres dans ma tasse de café avant de tendre le reste à ma voisine. Puis, à mon plus grand bonheur, le prof nous libéra enfin. Je rangeais mes cours à la va vite dans mon sac et jetait ma tasse de café à la poubelle, puis je saluais mes camarades de cours avant de sauter dans le métro.

J'étais enjouée pour une fois, non seulement parce que ma journée était terminé, même si j'allais sûrement passer une partie de l'après-midi à réviser mes cours, mais aussi parce que j'allais déjeuner avec Ethan, mon meilleur ami aujourd'hui. Depuis notre confrontation au Starbucks, tout allait pour le mieux entre nous à présent. On se voyait le plus souvent possible et depuis que j'avais emménager avec Joyce, il était souvent fourré chez moi. En gros tout allait pour le mieux dans ma vie en ce moment : j'avais enfin quitté mon appart pourri de l'Upper West Side pour emménager dans le manoir de mon père avec Joyce dans l'Upper East Side, tout allait pour le mieux entre Ethan et moi, j'avais même accepté de m'expliquer avec Cassyopée, on serait jamais les meilleurs amie du monde elle et moi mais au moins on arrêterais peut-être de s'arracher les cheveux, et pour couronner le tout, Nicholas et Miley avaient rompu. Bon, cette information devrait me faire ni chaud ni froid vu que je n'aimais plus Nicholas, mais savoir qu'il souffrait me rendait folle de joie. Oui, j'avais littéralement envie de sauter sur place tellement tout se passait bien. Évidemment, je savais que ça ne durerais pas, mais je voulais profiter un maximum de ma chance actuelle.

Je poussais la porte du At Alvin's d'un air guilleret et cherchait Ethan du regard. Il était là, assis à une table m'attendant patiemment. Je me jetais sur lui et le prenait dans mes bras. Bon, j'étais toujours super enjouée quand je le voyais et il devait en avoir marre que je l'étouffe à moitié à chaque rencontre, mais j'adorais ça alors j'étais pas prête d'arrêter. Puis je l'embrassais sur la joue et lui ébouriffait les cheveux avant de m'exclamer :

- Ethanou ! Ça va ? Je crève de faim moi je viens de passer une mâtiné atroce si tu savais ce que je déteste mes cours...

Puis je m'installais à table en face de lui et commençait à étudier le menu pour décider de ce que j'allais prendre avant que la serveuse vienne à notre table.

Je souris en entendant le doux rire d'Ethan. C'était tellement agréable de l'entendre rire, de le savoir heureux. Il faut dire qu'il n'y a pas si longtemps, il était malheureux et distant, il m'avait éviter pendant des semaines avant que je finisse par l'attraper pour qu'il m'explique ce qu'il se passe. C'était la période ou ses problèmes étaient revenus. J'avais beau savoir qu'il avait des problèmes graves et surtout dangereux, jamais je n'aurais pu l'abandonner à son sort. À présent, toute cette histoire était fini, nous n'avions plus qu'à croiser les doigts pour que ça continu encore longtemps comme ça et que les problèmes ne reviennent jamais. Ouais, autant croire au père-noël quoi ! Ce serait tellement bien si la vie ne se déroulait que comme ça : de bons moments avec les personnes qui nous sont chers sans problèmes qui nous tombent sous le coin du nez. Mais j'imagine que c'était ce que ça voulait carpe diem, profite de l'instant présent parce que ça ne dureras pas. Mais depuis quand j'étais aussi pessimiste moi ? Ah oui, depuis que mes parents ont divorcés c'est vrai, ce jour fatal ou ma vie entière s'est écroulé, ou ma mère à refusé que je revoie mon père car sois-disant il avait une mauvaise influence sur moi. Ouais, cette période était atroce, et le souvenir était une douleur violente. Sans oublier mon adolescence difficile, les nuits ou j'ai dormi dans la rue parce que je refusais de rentrer chez moi. Je secouait la tête pour effacer les images douloureuses qui me revenaient. Je ne voulais pas repenser à cette période. Cette histoire était fini et maintenant je vivais chez mon père, j'avais enfin retrouver mon père adoré. Et plus personne ne pourrait me l'enlever donc il fallait que j'arrête de penser à de mauvaises choses, tout se passera bien, je l'avais mérité.

Je grimaçais lorsque Ethan me demanda si j'avais séché les cours. Ça faisait des mois qu'il me tannait pour que j'arrête la médecine et que je me lance enfin dans ma passion, la musique. J'en rêvais depuis ma tendre enfance. J'aurais donné n'importe quoi pour avoir la chance que ma carrière décolle et que je vive mon rêve sur scène. Mais j'étais loin d'être naïve. Déjà d'une si je quittais les bancs de la fac, ma mère piquerais une crise et me ramènerait à la maison de force. Et puis je savais que c'était difficile de percer dans la musique, que beaucoup de gens avaient du talent mais très peu réussissaient. Si je voulais avoir ma chance, il fallait que je sorte du lot. J'étais une bonne chanteuse, je savais jouer du piano et de la guitare et je composais mes musiques depuis quelques années. Et pourtant, je n'avais pas confiance en moi, j'avais peur de me planter, de ne pas être à la hauteur. Et puis je dois admettre que j'avais le trac sur scène, j'étais complètement paniquée. Et je n'ose pas chanter les chansons de ma composition en public. En bref, j'étais mal barrée. Mais je gardais espoir qu'un jour je dépasserais toutes ces craintes. Et c'était agréable de savoir qu'Ethan avait foi en moi et me soutenait.

- Ouais, tu sais très bien que si ma mère apprend que je sèche les cours, c'est fini la belle vie, elle me rapatria à la maison illico-presto !

Je soupirais d'un air blasé avant d'ajouter d'une voix douce :

- Et puis, il faut bien que j'ai un travail stable plus tard, au cas où je ne réussisse pas dans la musique.

La serveuse nous interrompit à ce moment précis pour prendre nos commande. Je lui demandais un double cheese-burger avec des frites et un grand coca cherry pour accompagner le tout avec en dessert une glace chocolat-vanille et coulis de caramel. Quand je disais que j'avais faim, je ne plaisantais pas ! Ethan ouvrit des yeux comme des soucoupes en entendant ma commande puis passa la sienne à son tour. Puis la serveuse repartit enfin en emportant les menus avec elle.

Je tripotais une mèche rose de mes longs cheveux d'un air distrait. Ils commençaient à être vraiment longs et je rechignais à les couper. Pour la petite histoire, je coupais moi-même mes cheveux. Ma mère refusait catégorique les coupes et couleurs de cheveux spectaculaires du coup comme elle refusait de me payer le coiffeur je me coupais les cheveux moi-même et maintenant j'étais suffisamment entraînée pour m'essayer à des coupes hautes en couleur. C'est pourquoi actuellement j'avais quelques mèches roses et noires éparpillées au milieu de ma longue chevelure blonde. C'était original donc tout moi. J'étais perdu dans la contemplation de ma mèche de cheveux, songeant qu'il faudrait bientôt que je les coupe avant qu'ils m'arrivent jusqu'au bas du dos. Il m'arrivaient déjà presque aux hanches donc ils avaient biens besoins d'être coupés.

Ethan coupa ma concentration par une proposition étonnante. Il voulait que je donne un concert chez moi pour lui, Verity. La proposition me fit sourire, bien sûr que j'étais emballée par l'idée. Mais la suite me coupa dans mon élan. Il voulait que je chante des chansons de ma composition. Je grimaçais légèrement. Je n'étais pas sûre d'être prête à faire écouter mes chansons à d'autres personnes. Mais après tout, si j'étais pas capable de chanter devant Verity et Ethan, les deux plus importantes personnes de ma vie, comment pourrais-je chanter devant une foule entière ? Il fallait bien commencer, et un concert en petit comité était un bon début non ?

- Pourquoi pas, après tout c'est pas une mauvaise idée. Je te promet rien mais j'y penserais !

Puis il sortit un papier de sa serviette tandis que je le regardais faire d'un air intrigué. Il plaça la feuille sous mon nez et s'exclama avec une joie immense qu'il avait un emploi. Je lus rapidement le document et les mots CDI me sautèrent aux yeux. J'en hurlais presque de joie.

- Oh mon dieu t'as eu un CDI ? Mais c'est géant ça ! Faut fêter ça ! Je suis trop heureuse pour toi, il était temps qu'on reconnaisse enfin tes qualités !

Je savais à quel point il avait trimé pour avoir ce travail du coup j'avais une bonne idée de la joie qu'il devait ressentir à voir enfin ses efforts être récompensés.

N'empêche, je n'avais pu m'empêcher de tiquer face au boulot qu'allait faire Ethan. Il allait travailler dans une boutique de sous-vêtements. Décidément, c'était vraiment le job rêver pour un mec ! Je me demandais intérieurement comment il en était arrivé à postuler pour un tel job... je savais qu'Ethan était un mec, mais je le voyais mal faire exprès de choisir ce genre de job. Et pourtant depuis ces derniers temps il ne travaillait que dans ce genre de milieu. Non, ça devait être une coïncidence. Mais une heureuse coïncidence pour lui. Après tout, si je travaillais au milieu de mec en sous-vêtements, je ne me plaindrais pas ! Je gardais néanmoins mes réflexions pour moi. Et Ethan repris aussitôt la parole, ne me laissant pas le temps de faire une blague de toute manière. Il me proposais littéralement de donner un concert en duo avec Verity. J'éclatais de rire. C'est vrai que l'idée était tentante. Ce qui nous avaient rapprochées toutes les deux c'était notre passion commune pour la musique, on adorait chanter ensemble et déconner ensemble, alors j'imaginais très bien ce que ça pourrais donner sur une scène de concert, ce serait juste énorme ! Et sans doute que si elle chantait avec moi je parviendrais sans peine à oublier mon trac pour me concentrer uniquement sur ce pure moment de bonheur avec l'une de mes meilleures amies avec qui je partageais ma passion. Cette idée n’était pas si mauvaise !

- Mais c'est une super idée ça ! Pour sûr que ce serait fun si on faisait un petit concert en famille Verity et moi. Ce serait très conviviale et amusant !

C'est alors que je remarquait le petit sourire en coin qu'arborait Ethan. Oh, je connaissais que trop bien ce sourire, c'était son sourire des mauvais coups, des stratagèmes. Il manigançait un truc, ça j'en était certaine, je ne le connaissais que trop bien, je lisais en lui comme dans un livre. C'est alors que je compris son plan diabolique. Il comptait de toute évidence ne pas rester simplement en « famille » pour ce concert, mais au contraire avait dans l'idée d'inviter plus de monde que prévu. Oh, oh, j'aurais dû la voir venir celle-là ! Je m'exclamais :

- Oulà, je sais ce que tu manigance, et je peux t'assurer que c'est perdu d'avance ! Hors de question que tu ramènes tout Manhattan au manoir pour venir m'écouter chanter avec Verity ! N'essayes même pas, je t'aurais à l’œil et je déjouerais tous tes plans machiavéliques mon cher !

Pendant ce temps je le menaçais avec ma fourchette pour rendre la menace plus effrayante... ou pitoyable, c'est selon ! Puis incapable de retenir mon sérieux plus longtemps, j'éclatais de rire. Puis je me repris avant d'ajouter :

- Non, mais je suis sérieuse, je suis pas encore prête pour m'afficher devant tout le monde, j'ai pas envie que les gens viennent se moquer j'en ai suffisamment bavé avec les membres de l'Elite qui se sont bien foutu de ma gueule avant de me traîner dans la boue, alors je vais pas leur donner un prétexte supplémentaire pour m'humilier !

Ah ah, qu'il était drôle mon meilleur ami ! Dois-je préciser que cette réflexion était ironique ? Je n'avais rien contre les gens de Manhattan. Euh, si en fait j'avais bien quelque chose contre : ce n'était qu'une bande d'hypocrites qui se croyaient bien plus importants qu'ils ne l'étaient. Non, mais sérieusement, cette histoire de King et Queen me hérissais le poil, il fallait vraiment être imbu de sa personne pour se prétendre roi et reine. La seule membre de l'Elite que j'appréciais était Roxane Johnson, et encore, je trouvais qu'elle n'avait rien à faire parmi l'Elite vu qu'elle n'avait rien en commun avec eux. Et dire que son frère jumeau était un mec qui méprisait la gente féminine et les traitait comme des objets. Dieu merci, je n'avais jamais croisé son chemin, je n'avais guère envie de faire partie de ses conquêtes d'un soir ! Enfin bref, rien que d'imaginer ce genre de personne chez moi, j'en avais l'estomac retourné.

« Je te promets que je n'inviterais jamais des gens de l'East et encore moins des gens de l'Elite qu'on aime pas. Juste des gens de notre entourage et qu'on apprécie tous les deux. Joyce, Alek, April, Verity bien sure, Roxane etc. Tu vois le genre, juste petit comité, juste entre potes, ça ira ? » Je grommelais dans ma barbe un mouais peu convaincu. Le nom Alek m'avait hérissé le poil. Ce mec m'intimidait. Je ne l'aimais pas, et pourtant je ne pouvais m'empêcher de le trouver diablement séduisant, d'autant plus qu'il était inaccessible. « Stop, sors-toi ça de la tête tout de suite, ça te va pas de penser à lui comme ça ! » De toute façon, d'après Gossip Girl il sortait avec Lily, la fille que je haïssais par dessus-tout. Autant dire que je ne voulais rien à voir à faire avec lui.

- Pour Joyce, April, Very et Roxy, je suis d'accord. Quoique l'idée de chanter devant ta petite amie me met mal à l'aise. Mais Alek, je pense pas qu'une réunion de gens comme nous l’intéressera, jamais il ne daignera ramener sa petite personne ! En plus, il ne me connaît même pas, alors je vois pas pourquoi il viendrait chez moi !

Je me rendis compte alors trop tard que je venais en quelque sorte d'approuver sa proposition. Je m'insurgeais alors :

- Eh ! Tu m'as eu là ! Tricheur !

Puis je commençais à bouder dans mon coin. Mais évidemment, la serveuse choisit CE moment pour apporter nos commandes, si bien que ma technique échoua quand je me jetais littéralement sur mon double cheese-burger. Alors que nous étions tous deux en train d'entamer notre commande, enfin surtout moi, Ethan rompit le silence et me fit exploser de rire avec ce qu'il m'annonça. Je me penchais vers lui et chuchota :

- Ouah, rien de l'imaginer avec ça me donne envie de vomir ! Sérieusement, tu va bientôt connaître les goûts de toutes les filles de New York niveau sous-vêtements ! Rapelles-moi de ne jamais venir dans ta boutique !